Tonight

Je suis rentrée à la maison il y a un peu plus de 3h. J'étais bien fatiguée, j'avais faim, et en plus j'ai fait de la marche supplémentaire, comme si aujourd'hui je n'avais pas fait assez d'effort en pédalant sur le vélo de la salle de sport, puis en piétinant dans ls couloirs du service de l'hôpital, et je suis rentrée à pied chez moi en empruntant cette route que je connais par coeur et que je pourrais faire les yeux fermés.

En parlant de yeux fermés, justement, je n'arrive pas à les fermer et je n'arrive pas à dormir. C'est pas grave, il n'est qu'une heure et demain je commence à 14h donc j'ai encore de la marge... Chaque fois que je ferme les yeux je vois leurs visages. Ce n'est pas grave, une fois encore, c'est une expérience unique et je me considère chanceuse de la vivre, et je suis forte, cela me touche mais ne me détruit pas ni ne me démoralise...C'est peut-être le fait que ça se passe dans cet hôpital précisément, qui me rend la chose encore plus puissante. Quoique cet argument n'est pas très vrai, je pense que ça aurait été pareil ailleurs...

Malgré tout là dans mon lit je me dis que demain il faut recommencer et chaque fois que je m'absente, quand j'y retourne, il y a un patient en moins, qui est mort, ou partit mourir ailleurs. Dit comme ça si rapidement ça paraît horrible et désespérant, et ça l'est dans l'absolu, certainement, mais quand on est là-bas on est en action et on ne réfléchit pas, on est là-bas pour aider et on n'a pas le temps d'y penser. Par contre, chez soi le soir, c'est autre chose.

Je ne veux pas avoir l'air d'être atteinte à un point non raisonnable et malsain. C'est seulement que j'essaye de prendre ce mois d'aide-soignante à bras le corps, de le vivre à fond et d'en retenir le plus possible. Et donc pour ça évidemment, ceux qui me connaissent savent que j'ai besoin de l'écrire. Faire des petites chroniques pourquoi pas, comme dirait ma soeur je me prends beaucoup la tête et je suis la "Carrie Bradshaw française". J'ai trouvé ça trop mignon.

Bref, je vais essayer de retourner m'allonger et si jamais je n'arrive toujours pas à dormir, peut-être que je reviendrai par ici... espérons que non !